En
effet, si l'Allemagne nazie a massivement utilisé la croix gammée[1]
jusqu'en 1945,
il convient toutefois de préciser que le svastika[2]
est un symbole vieux de plusieurs milliers d'années, présent sur tous les
continents et utilisé par de nombreuses civilisations.
Drapeau nazi, musée des Invalides, Paris.
A noter que le terme
'svastika' provient du sanskrit, une langue ancienne d'Inde[3],
et peut être traduit par 'qui apporte bonne fortune'. Ce symbole, du
moins dans les cultures orientales, est donc considéré comme un
porte bonheur.
Comme indiqué
précédemment, l'on retrouve des svastikas sur tous les continents,
bien que les différentes civilisations ayant utilisant ce symbole ne
lui aient pas donné la même signification.
Ainsi, le svastika est
utilisé par plusieurs tribus indiennes d'Amérique, chacune lui
trouvant une portée différente. Chez les Navajos, ce signe
représente une bûche tournoyante, associé au rites de guérison ; les
Hopis, au contraire, considèrent le svastika comme le symbole
de leurs migrations ; enfin, les Kunas d'Amérique centrale
font figurer ce signe sur leur drapeau (il s'agit ici aussi d'un
symbole de leur migrations depuis l'Asie.).
Toutefois, ce symbole
devint tabou suite à la seconde guerre mondiale, et les
autorités ne tardèrent pas à le faire interdire (à noter néanmoins
que les Kunas ont refusé d'abandonner le svastika, qu'ils
considèrent comme le symbole de leur culture.).
L'Asie, au contraire,
continue malgré tout à faire usage du svastika, ce dernier
conservant une importante portée religieuse. Dans la religion
hindoue, ce symbole est associé au dieu Brahma, divinité
démiurge[4]
du panthéon indien. A noter toutefois que si le svastika
traditionnel (卐), symbole positif, représente la création ; le
sauvastika (卍), au contraire, est un signe néfaste symbolisant
la destruction.
Dans la religion
bouddhiste, la svastika symbolise le cœur de Bouddha (ce
signe est aujourd'hui utilisé sur les cartes touristiques du Japon,
de Mongolie et de Taïwan, afin de marquer l'emplacement des temples
bouddhiques.). A noter qu'en Chine, l'idéogramme 卍 signifie '10
000', ce chiffre étant le symbole de l'infini. La svastika est aussi
associé au nirvana[5],
l'état d'éveil qui ne peut être atteint que par l'accomplissement
des 10 000 paramita[6]
(ou mérites.).
Statue de Bouddha arborant une croix gammée, Hong Kong
.
Enfin, l'on retrouve
aussi le svastika en Europe, en Grèce de l'époque archaïque[7],
chez les peuples germaniques de l'Antiquité tardive, ainsi que dans
la mythologie celtique, scandinave et basque.
"Idole cloche", Thèbes, vers 700 avant Jésus Christ, musée du
Louvre, Paris
(à gauche) ;
vase de l'époque géométrique, Italie, vers 700 avant Jésus Christ, Altes museum,
Berlin (à droite).
Broches de l'Antiquité tardive, I°-III° siècle après Jésus Christ, Neues museum,
Berlin.
A noter que le svastika
a connu un retour sur le devant de la scène vers la fin du XIX°
siècle, à une époque où les chercheurs découvrirent l'existence des
Indo-Européens, une population établie au proche Orient vers
le cinquième millénaire avant Jésus Christ, et à l'origine des
civilisations indiennes et européennes.
C'est ainsi que le
svastika se répandit en Europe et aux Etats Unis, considéré comme un
porte bonheur. Il fut ainsi utilisé sur des cartes de vœux, par
plusieurs entreprises (dont la société Coca Cola.), des
équipes de sport, des scouts de Grande Bretagne, des unités
militaires, etc.
Porte bonheur et médaillon arborant la croix gammée, début du XX°
siècle
.
Toutefois, depuis la fin
de la seconde guerre mondiale, le svastika n'est plus utilisé (à
l'exception de l'Asie.), en raison de sa connotation négative et de
son utilisation massive par le régime nazi. Toutefois, si
l'affichage public de ce symbole peut être puni par la loi en
Allemagne, en Hongrie, en Pologne et au Brésil, le svastika
n'a toutefois pas été interdit en Europe. En effet, alors que
l'Allemagne se trouvait à la tête de l'Union européenne, un
projet de loi anti-raciste fut présenté devant la Commission
européenne, prévoyant l'interdiction en Europe des ornements
nazis (dont le svastika.) et la pénalisation du déni de
l'holocauste. C'est alors qu'un mouvement de protestation
hindouiste, argumentant que le svastika était un symbole de paix
depuis plus de 5 000 ans, parvint à faire annuler le projet de loi.
[1]
Le svastika peut être décrit
comme une croix formée par quatre gamma (dans l'alphabet grec,
un gamma écrit en majuscule s'écrit ainsi : Γ).
D'où l'appellation de 'croix gammée' dans certains cas (à noter
que jusqu'à la fin du XIX° siècle, ce symbole était nommé
gammadion, et non svastika.).
[3] Le sanskrit
est une ancienne langue d'Inde, qui n'est plus parlée de nos jours,
à l'exception d'une élite. Ce langage peut donc être rapproché du
latin, qui n'est utilisé que par des savants ou des ecclésiastiques.
[4] Une divinité
est dite démiurge lorsqu'elle est associée au mythe de la création
du monde.
[5] Selon la
religion bouddhiste, l'objectif ultime est la recherche du nirvana,
l'état d'éveil permettant de mettre un terme au cycle des
réincarnations. Pour simplifier, l'objectif est de mettre un terme à
la souffrance en supprimant les désirs (ces derniers, lorsqu'ils ne
s'accomplissent pas, entraînant la souffrance.).
[6] Les
paramita, ou mérites, sont de nombre variable. Il s'agit de
vertus que doit posséder le croyant afin d'accéder au nirvana (la
générosité, la vertu, la tolérance, l'amour, la sagesse, etc.).
[7] Pour en
savoir plus sur l'époque archaïque,
cliquez ici.