Pendant la seconde guerre mondiale,
l'Allemagne comptait deux principales unités combattantes : la Wehrmacht,
nom adopté par l'armée allemande entre 1935 et 1945 ; et la Waffen-SS,
branche militaire de la SS[1].
Pendant les sept années du conflit, ces deux unités combattirent en France,
en Belgique, en Allemagne, en Italie, dans les pays scandinaves, dans les
Balkans, en Europe de l'est et en URSS. Toutefois, si de plusieurs crimes de
guerre furent commis en France, la grande majorité des exactions eurent lieu
sur le front est.
Les premiers massacres commis par la Wehrmacht survinrent lors de la
campagne de Pologne[2],
en septembre 1939. L'on estime que 50 000 civils perdirent la vie d'ici la
fin des opérations militaires (bombardements, exécutions de masse, pillages,
etc.), même si les massacres se poursuivirent après la conquête de la
Pologne.
Ainsi, plusieurs villages furent rasés lors de l'occupation allemande (la
Pologne devait devenir une colonie allemande) ; au cours de l'insurrection
de Varsovie, pendant l'été 1944, la Wehrmacht, aux côtés des SS, participa
au massacre de Wola, dans les quartiers nord-ouest de la capitale,
massacrant plus de 50 000 civils en l'espace de quelques jours.
En URSS, les crimes de guerre perpétrés par la Wehrmacht prirent une ampleur
démesurée, l'Etat-major allemand collaborant avec les Einsatzgruppen[3],
en vue d'éliminer les populations juives et slaves des régions occupées.
Si l'on ne peut pas imputer à la Wehrmacht l'entière responsabilité des
massacres commis sur le front est, notons néanmoins que 12 millions de
Polonais, Russes et Ukrainiens furent éliminés entre 1939 et 1945[4].
Dans un même ordre d'idées, de nombreux soldats soviétiques capturés par la
Wehrmacht trouvèrent la mort dans les Stalags[5]
(contrairement aux prisonniers de guerre du front ouest qui furent
relativement bien traités.). En effet, l'URSS n'avait pas signé la
convention de Genève (contrairement à l'Allemagne.) ; ainsi, le
troisième Reich refusa d'accorder de bonnes conditions de détentions aux
Soviétiques, sachant que les Allemands faits prisonniers en URSS subissaient
des mauvais traitements.
En Europe de l'ouest, la majorité des crimes de guerres commis par la
Wehrmacht furent majoritairement perpétrés à titre de représailles. Ainsi, à
chaque attentat commis par les partisans contre l'armée allemande, plusieurs
civils des villages avoisinants étaient exécutés de façon sommaire.
A l'issue du second conflit mondial, plusieurs procès furent organisés en
Allemagne, le plus important étant le procès de Nuremberg. Si
plusieurs généraux allemands furent condamnés à mort à cette occasion,
l'Etat-major de la Wehrmacht ne fut pas considéré comme une organisation
criminelle (au contraire de la SS[6].).
Apparut alors la théorie de la Wehrmacht "propre", relayée par de nombreux
officiers, avançant l'idée selon laquelle l'armée allemande n'aurait jamais
commis de crimes de guerre. A noter que cet argumentaire trouva écho en
Allemagne et aux Etats-Unis, à une époque où le bloc de l'ouest, dans le
contexte de la guerre froide, avait besoin d'alliés contre la menace
soviétique.
C'est ainsi que fut opéré le distinguo entre la SS, organisation composée de
nazis fanatiques, et la Wehrmacht, qui avait combattu selon les lois de la
guerre et dans la plus complète ignorance de la Shoah[7].
Ce n'est qu'à compter des années 1980 que des recherches scientifiques
furent consacrées aux crimes de guerre commis par la Wehrmacht.
[1]
La SS (en allemand
Schutzstaffel, ce qui signifie « escadron de protection »)
était à l’origine la garde rapprochée d’Hitler. Toutefois, cette
unité prit de l’importance au fil des années, devenant une
organisation policière (création du RSHA,
Reichssicherheitshauptamt en allemand, réunissant toutes les
polices allemandes, en septembre 1939), idéologique (création du
Lebensborn en 1935, association destinée à assurer le
développement de la « race aryenne »), scientifique (création de
l’Ahnenerbe en 1935, organisation consacrée à la
recherche archéologique et anthropologique), et militaire
(création de la Waffen-SS en 1939).
[3]
Les Einsatzgruppen (« groupes d’intervention » en
français.) étaient composés de membres de la SS, de la Gestapo
(la police secrète du troisième Reich), de la Kripo (police
criminelle), du SD (service de renseignement) et de l’Orpo
(police régulière). Mises en place à compter de 1938, ces unités
étaient chargées de l’élimination physique des officiers polonais,
des slaves, des juifs, des prisonniers de guerre soviétiques, dans
les territoires d’Europe de l’est.
[4] Pour plus de
détails sur le bilan de la seconde guerre mondiale,
cliquez ici.
[5]
Abréviation de Stammlager ("camp principal" en
français).
[6]
Pour en savoir plus sur le procès de Nuremberg, voir le a), 3,
section IX, chapitre sixième, la troisième république.
[7]
C'est à dire le massacre des juifs planifié par le troisième Reich.