La Toussaint, fête célébrée le 1er novembre par l'Eglise catholique, a pour objectif, comme l'indique son nom, d'honorer tous les saints reconnus par Rome. Cet évènement est précédé le 31 octobre par Halloween, dans les pays anglo-saxons (de l'ancien anglais All Hallows Eve, ce qui signifie  « le soir de tous les saints ») ; puis est suivi le 2 novembre par la Commémoration des fidèles défunts, instaurée à l'origine pour soulager l'âme des morts errant au Purgatoire (dans la pratique, la mémoire des défunts est honorée le 1er novembre, d'autant que le concept de Purgatoire fait aujourd'hui débat au sein de l'Eglise[1]).

A noter que la Toussaint est une fête spécifiquement catholique, contrairement à Noël ou à Pâques, qui sont célébrées par tous les chrétiens. Toutefois, beaucoup de protestants profitent du 1er novembre pour entretenir les tombes de leurs proches ; du côté des orthodoxes, le dimanche de tous les saints est fêté non pas en fin d'année, mais le premier dimanche après la Pentecôte[2].

Toutefois, la Toussaint est-elle une création ex-nihilo de l'Eglise catholique ou s'inspire t'elle de cérémonies païennes, à l'instar de nombreuses fêtes chrétiennes ?

Commençons avec Halloween, fête qui fut rapidement « laïcisée » suite à l'apparition du protestantisme, cette branche du christianisme ne reconnaissant pas les cultes associés à la Toussaint.

A l'origine célébrée dans les îles britanniques, cette fête accompagna les colons anglais et irlandais qui émigrèrent en Amérique du nord à compter du XVII° siècle.

Dans la nuit du 31 octobre, les enfants, déguisés en monstres de toutes sortes, viennent frapper aux portes des maisons afin de demander des friandises (ces derniers clament trick ou treat, devenu « des bonbons ou un sort » en français). Les maisons, quant à elles, sont souvent décorées pour l'occasion, arborant citrouilles, araignées, fantômes, sorcières, chats noirs, etc.

Si Halloween commença à s'imposer dans les régions francophones d'Amérique du nord à compter des années 1960, ce n'est qu'au début des années 2000 qu'elle fit son apparition en France. Toutefois, passé un certain effet de mode qui dura quelques années, force est de constater que cette fête reste bien moins populaire qu'outre-Atlantique.

Enfants déguisés pour la fête d'Halloween.

La Toussaint, de son côté, fut instaurée par l'Eglise catholique au cours des premiers siècles de notre ère. Toutefois, cette fête fut longtemps célébrée après la Pentecôte, comme cela est d'usage encore aujourd'hui chez les orthodoxes.

En 610, le pape Boniface IV décida de fêter la Toussaint le 13 mai, date à laquelle il consacra le Panthéon de Rome, devenu église Sancta Maria ad Martyres (« Sainte-Marie aux martyrs » en français[3])

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A noter que cette date ne fut vraisemblablement pas choisie par hasard, cette date correspondant à la fête des Lemuria (célébrée les 9, 11 et 13 mai). L'objectif de cette célébration était d'apaiser les lémures (il s'agissait de l'âme des morts ayant trouvé une mort tragique ou violente), qui venaient hanter les vivants. C'est ainsi que les croyants lançaient des fèves noires, destinées à nourrir les défunts.

Puis, au cours du IX° siècle, le pape Grégoire IV déplaça la Toussaint au 1er novembre, afin d'opérer un syncrétisme avec le culte de Samain.

Le Panthéon, Rome, été 2009.

Le culte de Samain[4] (appelé aussi Samonios par les gallo-romains) était une célébration d'origine celtique, très répandue en Gaule et dans les îles britanniques. Cette célébration, fêtée le 1er novembre, symbolisait le passage de la saison claire (été-automne) à la saison sombre (hiver-printemps[5]).

Les festivités duraient pendant une semaine, faisant de ce laps de temps une période de transition entre deux époques, où le monde des vivants et le monde des morts se mêlaient. Selon la mythologie celtique, plusieurs héros profitèrent de la période de Samain pour visiter le Sidh, le monde des dieux.

Afin d'apaiser l'âme des défunts, les croyants faisaient des offrandes et des sacrifices, où portaient des masques afin de ne pas être reconnus par les revenants.

Toutefois, si le culte de Samain fut peu à peu christianisé, il resta très populaire dans les îles britanniques, région moins marquée par l'expansion du christianisme[6]. C'est ainsi qu'il se transforma en Halloween au fil des années.

Enfin, la Commémoration des fidèles défunts fut instaurée au tout début du XI° siècle par le pape Léon IX, complétant ainsi un cycle funéraire dédié à la mémoire des morts.