Aujourd'hui, nous connaissons tous au moins de nom
les premiers rois légendaires de Jérusalem : Saül,
qui selon la Bible fut le premier à régner sur un royaume d'Israël unifié ;
David, connu pour son affrontement contre
le géant Goliath ; et Salomon, célèbre pour sa sagesse.
Cependant,
à l'instar des mythes de
Noé
ou de
Moïse,
l'on peut se demander où s'arrête la mythologie et où commence l'Histoire
dans la Bible. Ainsi, Saül,
David et Salomon ont-ils vraiment existé ? Le règne des trois
souverains de ce
« grand Israël » est-il attesté par l'archéologie ? Ou bien le
récit biblique concernant ces personnages n'est-il qu'une imposture conçu
dans un but de propagande ?
Le roi Salomon reçoit sa fiancée, tapisserie du XVI° siècle.
De prime abord, il convient de préciser
que la Bible consacre plusieurs livres aux premiers rois d'Israël :
Samuel 1, qui raconte la vie du prophète Samuel et le règne de
Saül ; Samuel 2, consacré au roi David ; Rois 1, qui s'étend
de la fin de règne de David jusqu'au couronnement de Joram ;
Chroniques 1 et Chroniques 2, qui reviennent sur le règne de
David et Salomon, ainsi que de leurs successeurs, s'achevant avec la prise
de Jérusalem par les Perses ; enfin, l'on peut citer le livre des
Psaumes, dont certains sont attribués à David et Salomon.
Cette quantité importante de textes
consacrés à ces rois légendaires démontre bien l'importance de ces derniers
au sein des trois religions monothéistes.
Selon la Bible, Saül fut le premier roi d'Israël, montant sur le trône vers
1050 avant Jésus-Christ, faisant suite à une période où le pays avait été
dirigé par les Juges, personnages au pouvoir religieux et militaire,
qui s'étaient succédés suite à la mort de Josué (ce dernier,
compagnon de Moïse, avait été chargé de la conquête du Pays de Canaan[1]).
Ce dernier, chargé de poursuivre la
lutte contre les derniers cananéens et les Philistins
installés sur la côte méditerranéenne, remporta plusieurs victoires au cours
de son règne ; cependant, il échoua face aux Amalécites, ce qui
déplut au Tout-Puissant.
Le jeune David, qui avait fait son
entrée à la Cour de Saül en tant que
« garçon de compagnie », participa à un nouveau conflit
opposant les Hébreux aux Philistins. A cette occasion, il tua le géant
Goliath, ce qui lui valut une grande popularité auprès du peuple. Le roi
d'Israël, jaloux du jeune homme, tenta plusieurs fois de le tuer, en vain.
Saül tente de tuer David.
A la fin de son règne,
Saül perdit les faveurs de l'Eternel, et, faisant face aux Philistins une
fois encore, il dut se résoudre à consulter une voyante. C'est alors que lui
apparut le fantôme de Samuel, dernier Juge d'Israël, qui lui avait
confié le trône. Ce dernier lui confirma sa déchéance, et, peu de temps
après, Saül trouva la mort dans une bataille livrée contre les Philistins.
Les fils du défunt étant
tous décédés, ce fut David qui récupéra la couronne, car il avait épousé
Mical, fille cadette de Saül. Dès son accession au trône (vers 1000
avant Jésus-Christ), le nouveau roi, partant d'Hébron, attaqua les
Jébusiens, s'emparant de Jérusalem, leur capitale.
Icône à l'effigie du roi David.
Par la suite, David
s'attaqua aussi aux Philistins, au royaumes d'Ammon puis de Moab, à l'est,
et au royaume d'Edom, au sud, profitant du repli égyptien sur la scène
internationale[2].
Cependant, quelques années plus tard,
David désira une jeune femme nommée Bath-Schéba, mais qui était
mariée à Urie le Héthien, un officier de l'armée royale. Le roi,
entretenant une liaison avec elle, apprit quelques mois plus tard que Bath-Schéba
était enceinte. Ainsi, il décida d'envoyer Urie en première ligne, afin
qu'il soit tué.
Peu de temps après, David reçut la
visite du prophète Nathan, qui condamna le geste du roi. Le souverain
décida alors de se repentir, mais l'enfant de Bath-Schéba mourut. Peu après,
elle accoucha d'un autre fils, qui fut baptisé Salomon.
A la fin de son règne, David fut
contraint de faire face à plusieurs révoltes, mais il parvint à
faire couronner son plus jeune fils de son vivant. Ainsi, à la mort
de ce souverain, le royaume d'Israël fut confié à Salomon.
Le jeune homme, montant sur le
trône vers 970 avant Jésus-Christ selon la Bible, resta célèbre pour
sa sagesse. Un jour, il reçut la visite de deux femmes lors d'une
audience, qui réclamaient toutes deux un enfant qui venait de
naître. Salomon ordonna alors de couper le bébé en deux, afin que
les deux plaignantes récupèrent chacune une moitié. Cependant, l'une
des femmes préféra renoncer à l'enfant plutôt que de le voir mort ;
ainsi, Salomon reconnut en elle la véritable mère du nouveau-né.
Le jugement de Salomon.
Faisant face à plusieurs
révoltes, le roi d'Israël s'allia avec un pharaon d'Egypte dont le
nom n'est pas précisé dans la Bible (peut-être Siamon de la
XXI° dynastie ?), dont il épousa une des filles.
Par ailleurs, Salomon fit
ériger le temple de Jérusalem, le palais royal, ainsi que les
murailles de la ville.
Représentation du temple de Salomon.
A la fin de son règne, le roi
d'Israël avait 700 épouses et 300 concubines, originaires des
royaumes voisins (Egypte, Moab, Ammon, Edom, etc.). Perverti par ses
femmes, Salomon se tourna vers des idoles étrangères, ce qui déplut
au Tout-Puissant. Ainsi, ce dernier annonça que le royaume d'Israël
serait bientôt déchiré, ce qui se produisit à la mort de Salomon.
Ainsi, le trône fut cédé à
Roboam, fils du défunt (vers 930 avant notre ère). Cependant,
alors que ce dernier se rendit dans le nord du pays, afin de s'y
faire reconnaitre, il en fut chassé par ses rivaux, qui lui
préférèrent Jéroboam, ancien officier de Salomon. Le vieux
royaume unifié d'Israël fut alors divisé en deux Etats :
le royaume de Juda, au sud
(avec Jérusalem pour capitale), et le royaume d'Israël, au
nord (avec Samarie pour capitale).
La colère de Roboam.
Aujourd'hui, presque 3 000 ans
après les faits, il est tentant de faire appel aux récits bibliques
pour combler les lacunes de l'archéologie. Cependant, une telle
démarche n'est pas sans poser problème, car pour que
l'archéologie biblique[3]
puisse donner des résultats cohérents, il faut que le récit biblique
soit fiable.
Ainsi, qu'en est-il de la
véracité des livres de la Bible consacrés à ces rois légendaires ?
Dans un premier temps, il
convient de préciser qu'en archéologie, l'on ne recherche pas une
date, mais trois : l'époque à laquelle l'évènement est
censé se dérouler ; les dates du contexte auquel le récit renvoie
(conflits avec les royaumes voisins et relations diplomatiques avec l'Egypte et ) ; et la date à laquelle le récit fut finalisé.
Concernant l'époque à laquelle
l'exode est censé se dérouler, force est de constater que le récit
biblique est particulièrement avare en détails. Ainsi, il ne
mentionne aucune date, ni même le nom du pharaon qui s'allie avec
Salomon.
Depuis l'Antiquité, les érudits
juifs et chrétiens tentèrent d'estimer l'âge du monde, en se basant
sur les généalogies et l'âge des personnages indiqués dans la Bible.
Ces derniers, estimant la Création à 3761 avant notre ère (selon le
calendrier hébraïque), ils fixèrent aussi les dates de règnes des
différents rois d'Israël : Saül (1050 à 1010 avant Jésus-Christ),
David (1010 à 970), Salomon (970 à 931), et Roboam (931 à 913).
Cependant, il convient de préciser
que la Bible n'est ni un livre de science, ni un livre d'Histoire ;
ainsi, il doit être obligatoirement remis en question. En effet,
même si le récit chronologique des rois de Juda est séduisant, il ne
faut pas oublier que toute source écrite peut être erronée, que ce
soit involontairement ou dans un but de propagande.
Nous pouvons prendre comme élément
de comparaison l'Aegyptiaca de Manéthon de Sebennytos,
un scribe égyptien qui rédigea une histoire de l'Egypte en langue
grecque, au III° siècle avant Jésus-Christ. Au XIX° siècle, à une
époque ou l'égyptologie était balbutiante, les historiens se
basèrent sur les récits de Manéthon, sans savoir que ce dernier
avait commis de nombreuses erreurs dans son ouvrage (dynasties
raccourcies, allongées, déplacées dans la chronologie, etc.).
L'Aegyptiaca de Manéthon.
Ainsi, s'il est pertinent de
comparer le résultat des fouilles archéologiques aux textes anciens,
afin de voir si les récits bibliques sont erronés, l'inverse ne
l'est pas, n'en déplaise au(x) partisan(s) de l'archéologie
biblique. Par ailleurs, il convient de mettre de côté ses
convictions religieuses, qui sont par nature contraires à la
neutralité que l'on attend de tout historien.
En écartant la Bible pour nous
concentrer uniquement sur les données de l'archéologie, nous pouvons
donc nous poser un certain nombre de questions. Ainsi, quelle est
l'historicité de ces rois légendaires ? En outre, la datation
« traditionnelle » des souverains d'Israël est-elle encore
pertinente aujourd'hui ?
De prime abord, il convient de
préciser que la première mention du peuple d'Israël se
retrouve sur la stèle du pharaon
Mérenptah, de la XIX° dynastie, érigée vers 1200 avant
notre ère. Le texte, un très court passage en réalité, indique
seulement : Israël est détruit, sa
semence même n'est plus. A noter cependant que le mot gravé sur
la stèle est Israr, ce qui peut porter à confusion (ainsi,
certains historiens pensent que ce terme
correspondrait peut-être aux habitants de la
vallée de Jezreel, au nord de Canaan, et non aux Israéliens en
tant que tels).
Stèle de Merenptah, vers 1200 avant Jésus-Christ.
Aujourd'hui, les sources archéologiques tendent à démontrer que les
premiers Hébreux, installés dans le nord de Canaan, étaient au
nombre de 5 000 vers 1000 avant notre ère. A cette date, Jérusalem
étendait son autorité sur les quelques villages avoisinants, et non
sur tout le Pays de Canaan (des chiffres bien différents que ceux
mentionnés dans Samuel 2, chapitre 24, à savoir 800 000 hommes en
armes pour Israël et 500 000 pour Juda, sans compter les femmes et
les enfants).
A noter par ailleurs que la cité, au même titre que d'autres villes
du Proche-Orient, avait été dévastée par l'invasion des Peuples de la mer
(XIII° au XII° siècle avant Jésus-Christ), phénomène global qui
toucha aussi la Grèce, la Turquie et l'Egypte. Ainsi, l'on constate
à cette époque un net recul intellectuel, les envahisseurs ayant mis
en place de nouvelles civilisations, moins avancées que les
précédentes (arrêt du commerce, diminution des échanges
diplomatiques, abandon de l'écriture, etc.). C'est ainsi que les
murailles dites de Salomon (en réalité l'œuvre du roi Ezechias,
au VIII° siècle avant notre ère), couvrent une surface plus
restreinte que celles érigées en 1700 avant Jésus-Christ.
Ainsi, l'idée d'un
« grand Israël », un ancien royaume unifiant le nord et le sud
du pays sous une même tutelle, semble coupé de toute réalité
historique.
Les royaumes du Proche Orient (vers 830 avant Jésus Christ).
Concernant Saül, force est de constater
que l'archéologie n'a trouvé aucune trace de son existence.
Impossible dans ce cas de valider les dates de règne de ce souverain
telles qu'elles sont présentées dans la Bible.
Concernant David, nous ne
disposons pas non plus de sources d'époque. Ainsi, le seul document
archéologique dont nous disposons est la stèle de Tel Dan
(érigée entre le IX° et le VIII° siècle), attribuée à Hazaël,
roi de Damas. Le texte, en lacune, indique : J'ai tué [Jo]ram
fils d'[Achab] roi d'Israël, et [j'ai] tué [Ahas]yahu fils de [Joram]
roi de la maison de David. Et j'ai réduit [leur ville en ruine et
changé] leur terre en [désolation].
Stèle de Tel Dan.
La stèle concernerait Joram,
roi d'Israël, et un autre Joram, roi de Juda. Les deux
hommes, qui régnèrent vers 850 avant notre ère, n'avaient cependant
pas les mêmes origines. Ainsi, le roi d'Israël descendait d'Omri
(nous reviendrons plus tard sur ce personnage), qui s'était emparé
du pouvoir par la force au début du IX° siècle ; le roi de Juda,
quant à lui, était selon la Bible un descendant de David. A noter
toutefois que le texte étant lacunaire, il reste ouvert aux
interprétations.
Ainsi, le terme bytdwd, que
l'on retrouve sur la stèle, communément traduit par
« maison de David », reste sujet à controverse. Ainsi, certains
historiens pensent que ce mot pourrait être un nom de lieu, une
divinité damasquine, ou alors une épithète.
Par ailleurs, il convient de
préciser que certains chercheurs pensent qu'il serait aussi fait
mention de la
« maison de David » sur une autre relique, la stèle de
Mesha,
roi de Moab, érigée vers 850. Cependant, le texte est en lacune, ce
qui en fait une source incertaine.
Stèle de Mesha.
Néanmoins, si la mise à jour de
la stèle de Tel Dan a permis de relancer le débat sur l'existence
d'un roi dénommé David (alors qu'avant sa découverte, en 1993, ce
souverain était comparé au légendaire roi Arthur), rien ne prouve
que les récits bibliques concernant ce personnage soient véridiques,
d'autant que ce document est postérieur de deux à trois siècle au
règne de David. Ainsi, l'importance politique de cet ancien
« royaume de David »,
incapable de laisser de traces de son existence, peut laisser
dubitatif...
L'on retrouve le même cas de
figure pour Salomon, car les archéologues n'ont trouvé aucun
document, qu'il soit d'époque ou postérieur, mentionnant le nom de
ce souverain. L'historicité de ce roi, à l'instar de celle de Saül,
n'est donc pas prouvée par les sources archéologiques... sauf si
l'on considère que la seule mention
« maison de David »
sur la stèle de Tel Dan suffit à valider la chronologie biblique de
tous les souverains d'Israël.
Encore une fois, l'on peut
s'étonner de l'absence flagrant de sources concernant ce souverain,
dans la mesure où les petits royaumes voisins de Jérusalem ont
laissé bien plus de traces archéologiques. Ainsi, alors qu'il est
attesté que le pharaon Sheshonq I°, de la XXII° dynastie,
organisa une campagne contre le Proche-Orient (vers 925),
progressant jusqu'à la frontière assyrienne, il ne mentionna pas le
royaume d'Israël sur les stèles qu'il fit ériger (alors que dans
Rois 1, chapitre 14, il est mentionné que Roboam fut vaincu par le
pharaon Schischak).
Sphinx à l'effigie de Shoshenq I°, musée du Louvre, Paris (à noter qu'à
l'origine ce sphinx portait le nom de d'Amenemhat II de la XII° dynastie,
puis qu'il fut renommé par le pharaon Merenptah de la XIX° dynastie.).
Comme nous l'avons vu plus tôt,
Jérusalem était un bien petit royaume au X° siècle avant
Jésus-Christ, alors qu'au nord, le royaume d'Israël était de taille
plus importante (40 000 habitants au nord contre 5 000 au sud). Cela
s'explique peut-être par le fait que le nord du pays de Canaan,
moins aride, était aussi plus proches des principales voies de
communication.
Ainsi, alors que le royaume de Juda
était à cette date composé de populations rurales, le royaume
d'Israël, plus proche des Phéniciens, bénéficia de leurs
progrès dans le domaine de l'alphabet dès le XII° siècle.
Omri, roi d'Israël, s'empara du
pouvoir par la force, au début du IX° siècle avant Jésus-Christ.
Fondateur de Samarie (c'est pourquoi les habitants du royaume
d'Israël furent surnommés les Samaritains), ce dernier parvint à
mettre en place une bureaucratie bien organisée, développant les
relations commerciales et diplomatiques avec les royaumes voisins.
C'est ainsi qu'Omri est mentionné dans les documents assyriens (tout
comme son fils Achab, qui organisa une grande coalition
contre le souverain assyrien Salmanazar III en 853 avant notre ère).
Omri, roi d'Israël.
C'est ainsi que le royaume de Juda,
bénéficiant de l'activité culturelle d'Israël, s'alphabétisa
progressivement, au cours du VIII° siècle. Ainsi, c'est à compter de
700 avant Jésus-Christ que Jérusalem commença à devenir une ville
importante, supplantant peu à peu sa rivale Samarie.
Cela nous amène aux dates
auxquelles le récit nous renvoie (ce qui constitue, comme nous
l'avons vu plus tôt, la deuxième datation à rechercher).
En 722, suite à la défaite d'Osée,
roi d'Israël, contre Salmanazar V, roi d'Assyrie, la Samarie
fut annexée à l'Empire assyrien. Le royaume de Juda, au sud, bien
que désormais menacé par un dangereux voisin, était néanmoins
débarrassé de la tutelle samaritaine. Ainsi, la première mention du
royaume de Juda fut retrouvé sur la tablette K.3751 de Nimrud,
rédigée en langue assyrienne vers 733 avant Jésus-Christ. Le texte,
faisant une liste des royaumes versant un tribut, indique
Jehoahaz du pays de Juda (la tablette fait référence à Achaz,
abréviation de Joachaz, qui régna sur le royaume de Juda entre 730
et 715 avant notre ère).
Tablette K.3751 de Nimrud.
C'est aussi à cette époque que
commencèrent à être rédigés les premiers livres de la Bible,
s'inspirant vraisemblablement de sources plus anciennes. C'est
pourquoi le récit biblique est plus proche de la réalité pour la
période allant de 700 à 600, étant plus proche chronologiquement de
celle de ses rédacteurs (à noter que
le récit s'arrête en 586, date à laquelle le royaume de Juda fut
annexé l'Empire babylonien, et une partie de sa population
déportée).
Cependant, la Bible continua à
être retravaillée, au cours de l'exil à Babylone, et les Hébreux
déportés s'inspirèrent de vieux mythes babyloniens pour enrichir la
Bible (la création du monde, l'arche de Noé, Moïse et l'exode,
etc.). Le récit biblique, subissant de nombreuses réécritures,
n'adopta sa forme
finale qu'au cours du V° siècle avant Jésus-Christ (il s'agit donc de
la troisième date à retenir pour avoir une vision d'ensemble).
Evidemment, difficile pour un
contemporain de Périclès de faire l'historique des premiers
rois d'Israël, après un millier d'années de
« téléphone arabe. » Ainsi, en raison d'un flagrant manque
de sources concernant ces rois légendaires, nombreux sont les
historiens qui avancent l'hypothèse selon laquelle ces derniers
auraient une existence symbolique plutôt qu'historique.
En effet, l'on constate que
Saül est l'archétype du chef qui accumule les erreurs ; David le
souverain guerrier ; Salomon le roi réputé pour sa sagesse. L'on
retrouve un procédé similaire dans la mythologie romaine, où les
souverains de Rome obéissent tous à une fonction (la religion pour
Numa Pompilius, la guerre pour Tullus Hostilius, le
commerce pour Ancus Marcius, etc.[4]).
De gauche à droite : les rois Numa Pompilius,
Tullus Hostilius et Ancus Marcius.
Ainsi, nul doute qu'à l'instar
du cas de Moïse, les personnages de David et Salomon, s'ils ont
existé, furent retravaillés pendant plusieurs siècles, donnant peu à
peu naissance aux rois légendaires que l'on connait aujourd'hui
[1]La région de Canaan désigne un territoire
situé au Proche-Orient, sur la rive de la Méditerranée. Aujourd'hui, il englobe
Israël, la Palestine, la frange ouest de la Jordanie, et le sud du Liban.
[2] A cette date,
l'Egypte était tombée dans une longue période de crise, la troisième
période intermédiaire (qui dura du XI° au VIII° siècle avant notre
ère). Pour en savoir plus à ce sujet,
cliquez ici.
[3]
L'on appelle
« archéologie biblique » le fait d'étudier le passé du
Proche-Orient à travers la lecture de la Bible et les résultats de
l'archéologie. A noter qu'aujourd'hui cette activité n'est plus
considérée comme scientifique.
[4] Pour en
savoir plus sur les légendaires rois de Rome, cliquez
ici.